Avant Nana, Gokinjo une vie de quartier à longtemps été mon manga favori d’Ai Yazawa. Comme Je ne suis pas un ange, l’histoire se situe dans un lycée original : la Yaza-gaku. Moins naïf que ses séries précédentes, Ai Yazawa nous présente des protagonistes mature ayant pour la plupart un rêve et des objectifs professionnels.

On renoue avec une tendance chère à la mangaka : la mode ! Encore une fois, on y retrouve les hésitations adolescentes sur différents thèmes : l’amour, l’amitié et le futur.

Édité par Delcourt en 2004, c’est la deuxième série de l’autrice sortie en France, avant Paradise Kiss (Kana), Je ne suis pas un Ange, Marine Blue, Tempête aux couleurs des cerisiers et Last Quarter chez Delcourt. À l’origine sortie en édition normale en 8 tomes, Gokinjo est aujourd’hui vendue en édition Deluxe par Delcourt… si vous ne l’avez pas, n’hésitez pas ! D’autant plus que Paradise Kiss est lui aussi toujours commercialisé par Kana !

Troisième série du #AiYazawaChallenge de Les instants volés à la vie.

Résumé de la série Gokinjo une vie de Quartier

Mikako et Tsutomu ont grandis ensemble, ils habitent le même quartier et fréquentent le même lycée professionnel. Gokinjo est un manga pétillant et décalé qui mérite d’être lu.

Auteur : Ai Yazawa

Edition : Delcourt

Collection : Shojo

Série : 4 tomes Deluxe
7 tomes classique

Année d’édition : 2007 (fr)

Thèmes : Romance, Mode, Slice of Life

Titre original : ご近所物語
Gokinjo Monogatari

Mon avis sur Gokinjo une vie de Quartier : l’adolescence, l’amour et les choix professionnels

Comme dans Je ne suis pas un ange, Gokinjo nous offre aussi beaucoup de personnages touchants et de couples différents.

Suivre ses rêves ou pas au milieu des tumultes de l’adolescence

Le contexte est posé par l’institut Yazawa (Yaza-gaku) : dans Gokinjo, les élèves vont dans un lycée professionnel spécialisé dans la mode et l’art. Cette spécificité scénaristique va permettre de nous offrir des situations avec des personnages qui veulent réaliser leurs rêves, mais aussi ceux qui n’en ont pas les moyens.

Ici, Mikako cumule deux destins que l’on trouvait plutôt chez les personnages masculins de Ai Yazawa jusqu’ici :

  • Une idée précise de là où elle veut aller professionnellement, quitte à blesser ses proches.
  • Le choix de quitter sa famille et ses proches pour poursuivre son rêve.

Déjà dans Marine Blue, cette notion de suivre son rêve est ici encore plus développé, car toute l’école est très centrée sur vivre de sa passion, des talents, de l’injustice face au talent ou non. Finalement, ce thème est moins présent dans Je ne suis pas un Ange, plus concentré sur les relations amoureuses et la vie lycéenne que Gokinjo.

Dans Gokinjo, une vie de quartier, la mode ne se prend pas la tête !

Ai Yazawa se plonge à fond dans la mode dans Gokinjo. Ici elle s’amuse avec des tenues déjantées pour Mikako, et des styles très différents selon les personnages. On ressent tous l’amour de l’autrice pour la mode, avec des styles bien différents pour chaques personnages. Mais aussi des rappels tous au long de la série que la mode est fait pour s’amuser. On est libre de s’habiller comme on le sent, peu importe sa morphologie. C’est un vrai bonheur à lire.

Tout au long de la série, Mikako changera de coiffure et de couleurs de cheveux plusieurs fois au gré de ses humeurs et de ses doutes. Comme une vraie adolescente finalement… C’est quelque chose que j’ai assez peu lu dans les mangas. Tsutomu a lui aussi un style tape à l’œil : des chapeaux sortis des années 70, des manteaux longs, des grosses lunettes… Mariko va aussi jouer sur sa silhouette et son identité avec des tenues osées ou inspiration Chanel.

Le lecteur aura d’ailleurs le droit à toute la créativité des élèves et de Ai Yazawa lors du défilé de fin d’années des deuxièmes années !

Ce n’est d’ailleurs pas anodin si la directrice de l’école s’appelle Ai Yazawa !

Les clins d’oeils aux autres séries d’Ai Yazawa

Encore une fois, cette série va nous régaler avec plusieurs clins d’œils sur d’anciennes séries d’Ai Yazawa. Notamment Marine Blue et les Gold Rush, mais aussi très souvent vers Je ne suis pas un Ange forcément. Après tout Tsutomu est le sosie de Ken. On verra aussi Midori et Akira lors de la brocante. Le Kudô-saure fera son apparition chez Mikako et Tsutomu tout au long de la série.

Non pas un clin d’œil, mais les histoires courtes à la fin de la série vont nous introduire sans le savoir à l’univers de Paradise Kiss. Une continuation de l’univers de Gokinjo, publié en France et au Japon dans une autre maison d’édition !

Une variété de personnages attachants – Gokinjo

Mikako Kôda, la flamboyante

Mikako Kôda c’est la fille pleine de vie qui sait où elle va. Nulle d’hésitation, Mikako veut avoir sa propre marque de vêtements depuis toute petite et a donc beaucoup d’ambition. En revanche, bien qu’elle connaisse déjà sa voie, elle est désemparée face à ses sentiments. Mikako a un côté enfantin qui va faire toute l’histoire et le charme de Gokinjo Une vie de quartier.

Elle a passé toute sa vie avec Tsutomu Yamaguchi : ils ont grandi ensemble et habite le même quartier. Bien qu’elle ne peut s’imaginer sans lui, elle le tient pour acquis et ne comprends pas encore son importance pour elle. Une grosse partie de l’univers de Mikako et sa sensibilité sont d’ailleurs influencées par lui. Après tout, ils ont une relation quasi fusionnelle depuis toujours… Mais le jour où Tsutomu va sortir avec la miss du lycée, Mikako va perdre ses repères. Elle va alors commencer à se questionner sur la place de Tsutomu dans sa vie.

Un aspect bien développé dans la série, est la relation de Mikako avec sa mère et son père. La mère de Mikako et son père seront d’ailleurs un des couples développé dans la série. Mikako se comporte comme l’adulte de la relation mère-fille, sa mère, une mangaka célèbre, étant très attachante et très occupé par son métier. Finalement, on voit peu de mère célibataire épanouie dans son boulot dans les mangas. Les parents de Mikako ayant décidé de se séparer pour s’épanouir chacun dans leurs métiers. C’est, à mon avis, assez rare pour être mentionné.

Tsutomu Yamaguchi, le singe

Tsutomu est l’héro faussement typique de shōjo. Gentil et attentionné envers Mikako et les autres, il est toujours positif et adore fabriquer des objets étranges. Il se retrouve souvent dans des situations cocasse, car il est le sosie de Ken Nakagawa.

Tsutomu est un adolescent typique qui ne sait pas vraiment où il va. Il ne comprend pas vraiment les filles, ou comment faire les bons choix avec Mikako. Dès le départ, le lecteur perçoit que son lien fort avec Mikako le fait souffrir, et qu’il n’arrive pas à départager sa vie à lui de celle de Mikako. D’ailleurs, il veut toujours la protéger et l’aider dans ses choix, quitte à ne pas montrer sa souffrance.

Contrairement à Mikako, il n’a pas de vrai projet professionnel, d’ailleurs, il choisit d’aller à la Yaza-gaku pour suivre Mikako. Terriblement bien développé, on ressent le poids qu’il a à épauler Mikako, à la soutenir et à la suivre dans son parcours. On ressent tout l’amour qu’il a envers elle et la compassion qu’il a envers les autres. C’est l’un des personnages que j’ai le plus aimés et l’un des plus mémorables à mon avis.

Un triangle amoureux discret mais impactant

Aux premiers abords, Yusuke Tachirô donne l’impression d’être l’adolescent typique et un peu tête brulée. Il est finalement plutôt discret sur ses talents artistiques que l’on va découvrir à travers les yeux d’Ayumi. Néanmoins, on s’aperçoit rapidement que c’est un personnage très doux. Il a beaucoup de sensibilité envers les autres dont Mariko dont il finira par tomber amoureux. C’est un des personnages pilier de Gokinjo, d’ailleurs, dans plusieurs tomes les personnages blaguent sur son statut de héros de la série. Yusuke sera toujours de bons conseils avec ses amis. Lui et Risa aideront souvent Mikako à ouvrir les yeux sur ses actions et sentiments.

Mariko Nakasu – La face cachée de Nice body-ko

La première protagoniste de ce triangle amoureux est Mariko Nakasu, surnommée Nice Body-ko. On pourrait penser qu’elle est une fille “facile” mais son personnage est beaucoup plus développé que cela. Mariko s’est construite cette image de miss du lycée, mais cache une adolescente fragile à la recherche de son identité. Pas facile dans un lycée où la grosse majorité des élèves est talentueuse et sait qui ils sont. Elle sortira d’abord avec Tsutomu mais leur relation ne fera pas long feu face aux sentiments de Tsutomu pour Mikako. De cette relation, se créera une certaine compréhension, car Mariko est elle-même amoureuse de son ami d’enfance. Encore une fois, on ne peut que remarquer le talent qu’à Ai Yazawa pour créer des personnages féminin à la fois clivant et attachant.

Sa relation avec Tsutomu, va la rapprocher Yusuke. Celui-ci voit très clairement ce qu’elle cache derrière sa façade de Nice body-ko. Contrairement à Mikako qui a une tendance à être froide, Mariko bouillonne d’émotion et saura faire tourner en bourrique Yusuke. Leur relation sera d’ailleurs chaotique et finalement impossible, car Yusuke ne pourra sauver Mariko d’elle-même. Sans compter l’ombre de l’ami d’enfance de Mariko qui est trop forte.

Ayumi Dikawa, la fragilité tranquille

La dernière pièce de ce triangle est Ayumi Dikawa. Fille plutôt discrète et attachante, c’est finalement elle qui déclenchera les sentiments de Mikako envers Tsutomu. Ayumi est une jeune fille sensible, qui a découvert Yusuke à travers ses tableaux. Bien qu’amoureuse de lui, elle fera tous pour que Mariko et lui se réconcilient. Elle n’hésite pas à se mettre en retrait pour bousculer Mariko et conseiller Yusuke.

On est sans cesse partagé sur ce triangle amoureux dont on sait qu’il ne peut pas bien se finir entre Mariko et Yusuke. Mais tout le talent de Ai Yazawa est mis a contribution pour le rendre le plus réaliste. Gros pincement au cœur lors du tome 4 !

Akindo et les personages support

Ce sont les deux meilleures amies de Mikako. Risa est aussi une des personnes qui impressionne et influence le plus Mikako. Elle lui fera d’ailleurs plusieurs fois la leçon sur son comportement avec Tsutomu.

Pi-chan (et François) est plus discrète et apportera une touche de mignonnerie. La douceur du personnage sera bien souvent la bienvenue pour temporiser. Risa a le style de punk que l’on retrouvera dans Nana.

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