Kotomi Aoki revient en France avec la série Don’t Fake Your Smile, édité cette fois-ci par Akata. J’ai été attirée par le scénario féministe et original dont une idée de triangle amoureux avec le twist d’un protagoniste homosexuel. De plus, la mangaka touche du doigt le sexisme dans la société japonaise et les traumas liés à une agression sexuelle.
Résumé de Don’t Fake Your Smile
Gaku était autrefois un garçon à problèmes, mais depuis sa rencontre avec la lumineuse Niji, il s’est assagi. Il vit désormais un quotidien de lycéen ordinaire, en compagnie de son meilleur ami, Hiyori. Gaku aime en secret Niji, devenue depuis vice-capitaine du club de judo. Mais aucun de ces trois-là n’était prêt à ce que la vie allait leur faire subir. Entre le coming out pudique de l’un, les méprises de l’autre, et surtout l’agression sexiste infligée à la dernière… Comment se construire à l’adolescence, entre douleur, secrets, culpabilité et faux-semblants ?
Source : Akata
Auteur : Kotori Aoki
Edition : Akata
Collection : Medium
Série : 9 tomes
Année d’édition : 2020
Type : Shojo
Thèmes : Romance, Sexisme, LGBT
Titre original : 虹、甘えてよ – Niji, Amaete yo
Différents sujets traités délicatement à travers trois personnages forts
Traumatisme et reconstruction après une agression sexuelle
Don’t Fake Your Smile commence fort avec l’agression de Nijii lorsqu’elle rentre chez elle après son cours de Judo. L’auteur va très bien appréhender le traumatisme de Nijii au fil des tomes. De plus, Nijii contredit les idées reçues sexiste : outre être jolie, elle est judoka et sait se défendre.
C’est cette idée reçue qui va rendre encore plus difficile l’après pour Nijii. Elle n’a pas été capable de se défendre et est en contradiction avec ce que la société lui dit “si elle s’est fait agresser, cela doit être sa faute”. Nijii tente de se montrer forte et reprendre une vie normale, notamment amoureuse, mais est-ce si facile après une agression ? Tiraillée par le doute et par ce que la société attend d’elle, elle tentera de se reconstruire avec l’aide de Gaku.
La culpabilité de Gaku
Le personnage de Gaku est, lui aussi, intéressant, car l’agression de Nijii va le faire culpabiliser pour plusieurs raisons. Gaku est tiraillé entre son besoin de protéger celle qui l’aime, et entamer une relation amoureuse avec ses implications physiques et sentimentales. Au fil de la série, son personnage est de mieux en mieux développé et il saura rester en retrait pour soutenir Nijii avec beaucoup de tendresse. De plus, Kotomo Aoki va toucher diverses problématiques que je trouve intéressantes après une agression, surtout commencer une relation amoureuse avec le point de vue des deux protagonistes.
Homosexualité
Hiyori est le dernier personnage de ce triangle amoureux. Dans les premiers tomes de la série, son personnage traite notamment de la peur de l’acceptation de son homosexualité par ses amis. Hiyori est conscient de son amour pour son meilleur ami et sa déception amoureuse est traitée avec tact. J’ai trouvé intéressant de montrer sa souffrance face à son amour inévitablement déçu. J’apprécie aussi la vision de l’auteur sur l’amitié Gaku/Hiyori et l’avant/après déclaration. De plus, son personnage n’est pas “abandonné” par l’autrice au profit du couple Gaku/Nijii et contribue activement au scénario. Son intrigue m’a rendu perplexe, mais au fil des tomes celle-ci contribue à l’anxiété de la situation.
Don’t Fake Your Smile est une vraie surprise de la part de Kotomi Aoki
On dirait que Kotomi Aoki se bonifie avec le temps. Personnellement, la première série que j’ai lue de cette autrice est Lovely Love Lie. Cette série m’avait complétement convaincue, j’avais beaucoup aimé le milieu décrit et ses personnages principaux étaient vraiment attachants. Pourtant, je connaissais de nom l’autrice : ado, j’avais vu passer Secret Sweetheart (cringe) et My First Love sans les lires.
Le titre français de la série retranscrit bien la peine de Nijii. D’ailleurs, c’est un titre qui m’a fait penser à la série Moving Forward d’Akata. Si le graphisme n’a rien d’original, il reste propre et les émotions des personnages sont très bien retranscrites. De plus j’adore les couvertures, les couleurs sont magnifiques, les notes de l’autrice à leur sujet sont tops.
Depuis quelques années, je suis agréablement surprise par les thématiques développées dans certains mangas sortis en France. J’ai énormément apprécié l’arrivée de Don’t Fake Your Smile ou de En proie au silence qui donne de la visibilité à des problématiques sociétales, avec certes un point de vue japonais, mais tout aussi international.