Il existe des mangas qui divertissent, et d’autres qui transmettent. Bride Stories appartient à la seconde catégorie.
À travers le destin de jeunes femmes vivant dans l’Empire ottoman du XIXᵉ siècle, Kaoru Mori tisse un récit délicat sur les traditions, le mariage, la transmission et la place des femmes dans des sociétés en mutation.
Ni exotisme facile, ni romance idéalisée : Bride Stories est une œuvre lente, minutieuse et profondément humaine.
Bride Stories n’est pas un simple manga historique. À travers les destins de femmes de l’Empire ottoman du XIXᵉ siècle, Kaoru Mori raconte la transmission, les traditions et la beauté silencieuse de vies oubliées. Un manga lent, délicat et profondément humain.
Résumé de Bride Stories
« La vie d’Amir, 20 ans, est bouleversée le jour où elle est envoyée dans le clan voisin pour y être mariée. Elle y rencontre Karluk, son futur époux… un garçon de huit ans son cadet ! Autre village, autres mœurs… La jeune fille, chasseuse accomplie, découvre une existence différente, entre l’aïeule acariâtre, une ribambelle d’enfants et Smith, l’explorateur anglais venu étudier leurs traditions. Mais avant même que le jeune couple ait eu le temps de se faire à sa nouvelle vie, le couperet tombe : pour conclure une alliance plus avantageuse avec un puissant voisin, le clan d’Amir décide de récupérer la jeune femme coûte que coûte… « Source : Manga-news

Titre : Bride Stories
Auteur : Kaoru Mori
Traducteur : Yohan Leclerc
Édition : Ki-oon
Nombre de tomes : 13 (en cours)
Collection : Seinen
Année d’édition : 2009
Genre : Manga Historique, tranche de vie, Aventure, Romance
Titre original : 乙嫁語り Otoyomegatari
Un manga historique centré sur les femmes
Contrairement à de nombreux récits historiques, Bride Stories ne s’intéresse ni aux guerres ni aux grands empires. Kaoru Mori choisit un point de vue intime : celui des femmes, de leurs gestes quotidiens, de leurs attentes et des traditions qui façonnent leur avenir dès l’enfance.
Chaque histoire devient un fragment de mémoire, un témoignage silencieux sur des vies rarement racontées.
Les coutumes et le mariage dans l’Empire ottoman
Portrait des peuples d’Asie Centrale et d’Asie Mineure sur les routes de la Soie sur laquelle les alliances sont renforcées par les mariages, les femmes et leurs dots. À travers le regard de l’ethnologue Henry Smith, Kaoru Mori nous fait rencontrer différents clans d’Asie Centrale et d’Asie Mineur au 19ᵉ siècle. Pendant longtemps, Kaoru Mori n’est pas très spécifique sur la géographie et la localisation des différents clans. C’est par la suite qu’on suit Henry Smith entre l’Ouzbékistan, le Turkménistan, le Kazakhstan, ou encore la Turquie.





Durant ce voyage, le lecteur va rencontrer différents couples dans des villages ou dans des clans nomades. On y voit les femmes coudre leurs dots depuis l’enfance pour avoir un trousseau de mariage complet. Les familles s’affairent pour accueillir leurs hôtes et avoir des nouvelles des alentours. Des mariages, et donc des alliances, sont organisés pour de diverses raisons avec des personnages attachants.
En ville, en Turquie, les mœurs sont autres : les passages avec Anis et Shirin présentant la vie de femmes urbaine et riche sont d’autant précieux. On y voit des femmes dont la vie est parallèle à celle des hommes. Où une certaine discrétion de la vie des femmes est plus coutume que dans l’arrière-pays. En effet, là-bas, celles-ci doivent prendre une part plus active de la vie au village. Ces passages ne sont pas mes préférés, mais il montre une autre facette de l’Empire Ottoman.
La fiction rencontre l’Histoire
Rapidement, l’Histoire va prendre une place prépondérante dans la vie de nos protagonistes. L’influence des ambitions russes sur l’Ouzbékistan et le Kazakhstan va avoir un rapport direct avec l’intrigue d’une partie de nos protagonistes. Le clan dont fait partie Amir souhaite la récupérer pour former d’autres alliances plus ambitieuses et vont faire un pacte avec un clan proche des Russes pour attaquer le village de Karluk.

Les mouvements russes aux frontières vont provoquer le déplacement des nomades du désert, parfois changer les modes de vie, mais surtout limiter les déplacements des voyageurs. Dans les derniers tomes récemment publiés, Henry Smith doit repousser chemin et les Anglais commencent à fuir Ankara.
Une œuvre de transmission et de mémoire
Bride Stories n’est pas un manga à dévorer rapidement. C’est une œuvre à lire lentement, comme on feuillette un carnet ancien. En racontant l’intime plutôt que l’histoire officielle, Kaoru Mori rappelle que la transmission passe souvent par les femmes, leurs gestes, leurs silences et leurs choix contraints.
Un manga rare, exigeant, et profondément nécessaire.
Pourquoi Bride Stories est un manga à lire absolument
Kaoru Mori, déjà reconnue pour son souci du détail et ses mangas historiques précédentes comme « Emma » a de quoi attirer les lecteurs. Les dessins de Kaoru Mori dans Bride Stories sont magnifiques et détaillés, parfait pour nous faire découvrir la culture de ces clans ottomans. Outre les protagonistes très attachant, véritable atout de la série, leurs histoires vont finir par se mêler à la géopolitique de la zone. Enfin, chaque tome est vraiment une réjouissance visuelle.
Des dessins magnifiques et des tenues aux détails recherchés
Kaoru Mori dessine méticuleusement les robes, tapis et somptueuses décorations sur les portes ou les maisons. Étrangement, on ne s’ennuie jamais en lisant Bride Stories. La mangaka passe de scène de la vie quotidienne (façonnage de pain, artisanat ou chasse) à des chapitres d’actions avec aisance.

J’ai rarement dévoré une série aussi vite. Bride Stories a vraiment tout pour plaire et à d’ailleurs reçu divers prix dont le prix intergénérations du Festival d’Angoulême en 2012. La série est sortie en France en 2009 et toujours en cours au Japon.
Enfin, forcément, ce titre m’a fait penser à Anatolia Stories de Chie Shinohara que j’avais mentionné dans l’article sur les shōjos qui font voyager.





